samedi 14 mai 2011

JOHN & JEHN ROCK LONDON


John et Jehn se sont unis pour le meilleur et pour un rock à mi-chemin entre New Order et le Velvet Underground. À l'heure où nos voisins britanniques célèbrent l'union de Kate et de William, Evene est parti à la rencontre de ce couple de musiciens français qui fait son chemin à Londres, cité où il prépare un troisième album très attendu.

À les voir se déchaîner sur une scène de l'est londonien, on a du mal à croire que John et Jehn expliquaient un peu plus tôt, sagement assis sur un canapé, à quel point ils apprécient le calme. Calme nécessaire avant leur tempête rock. "On n'est pas vraiment des fêtards", avoue John, le visage creusé. D'autant que le duo travaille d'arrache-pied en ce moment. Ils possèdent leur propre studio d'enregistrement, construit de leur propres mains, et dont ils font grand usage. Entre musique de films, de publicités, et la préparation d'un troisième album, John et Jehn éprouvent un besoin de sérénité. "On est content d'habiter un endroit tranquille au nord de la ville. On se déplace dans le centre pour sortir." Débarqués à Londres il y a 5 ans sur une invitation de leur manageuse qui les a hébergé un temps, le duo a maintenant ses habitudes dans le quartier d'Alexandra Palace.

Filer à l'anglaise
Demandez leur pourquoi ils ont quitté leur Poitou-Charentes natal pour le Big Smoke : "Euh... La réponse est dans la question en fait ! Londres versus Poitou-Charentes le choix est vite fait, non ?" Nicolas et Camille sont leur vrais prénoms, mais ceux qu'ils se sont choisis lorsqu'ils étaient djs dans des soirées eighties en France leur correspondent presque mieux... John et Jehn, cette jolie symétrie reflète bien leur relation. Car ils s'aiment John et Jehn ! Leur groupe a commencé quasiment en même temps que leur couple car ils avaient le sentiment que leur histoire avait besoin de quelque chose de plus pour durer. Jehn se souvient amusée : "Il m'a demandé de former un groupe comme il m'aurait demandé ma main ! J'ai refusé d'abord car j'avais peur, cela représentait un gros engagement et je ne voulais pas nous lancer là dedans à la légère. Et puis, on l'a fait finalement et j'ai aussitôt été ravie du résultat. C'était la première fois que je trouvais quelqu'un avec qui j'étais sur la même longueur d'onde." Ils ont commencé par reprendre des morceaux issus d'un précédent duo de John. Actrice à l'époque, Jehn a cessé de jouer la comédie pour jouer de la musique. Après une poignée de représentations en France, le duo a donc traversé la Manche.




"On a un public en France et un réseau artistique à Londres"
"On a pas réussi à accrocher avec la France, je pense que notre vision était ailleurs", confie John. En revanche, lorsqu'on a fait notre première tournée dans l'Hexagone, on a été très surpris par le nombre de personnes venues nous voir. John et Jehn ont trouvé à Londres un esprit d'entraide dans la musique qui les a séduit. Au Luminaire notamment, une salle de Kilburn qui vient tout juste de fermer. L'endroit était devenu comme leur maison, ils y étaient accueillis à bras ouverts. Ils y ont joué maintes fois, y ont fait leurs armes. Il est même arrivé qu'ils y répètent quand il n'avaient pas d'argent, embarquant l'ingénieur son dans leurs aventures musicales. Et puis ils s'y sont fait des amis. "En fait, on a un public en France et un réseau artistique ici. On connaît bien plus de groupes ici que là-bas." Et c'est pour cela qu'ils ont décidé de poser leur bagages de l'autre côté du channel. Rentrer ? Jamais ! L'Angleterre leur a permis de faire des rencontres importantes... Notamment celles de leurs compagnons de tournée,Franz Ferdinand, British Sea Power, et celles des nouveaux venus sur la scène rock, The Chapman Family et O'Children.
John et Jehn se sont déjà produits aux côtés de pointures, comme les Kills à Paris il y a 3 ans. Plus récemment, en février à Londres, ils ont fait l'ouverture d'un des groupes qui les a influencé, Gang of Four ! Lorsqu'on les interroge sur les éventuelles collaborations qui les tenteraient, toutes les personnes citées comptent parmi leurs amis : Micachu, Race Horses et British Sea Power qu'ils considèrent comme leur famille. Pas un frenchy dans la liste ! Chanter dans la langue de Molière n'est pas non plus au programme. "On ne sait pas écrire ou chanter en français, en revanche on travaille actuellement avec un ami qui fait ça très bien, Lescop. Et nous écrivons toutes ses musiques..."



"Là ou il n'y a pas d'argent, il y a du plaisir"
Être français ne leur a posé aucun problème pour s'intégrer dans le paysage artistique londonien. "Mais apparemment nous sommes une nation qui se plaint beaucoup plus que les autres !". Et John et Jehn n'échappent pas à la règle. S'ils se plaisent vraiment Outre-Manche, ils râlent quant aux conditions de travail des musiciens. "Le live en Angleterre c'est une horreur ! Un promoteur sur deux est insupportable ou fait mal son boulot, les salles ne sont pas adaptées et on est mal payés. Mais là ou il n'y a pas d'argent, il y a du plaisir, et c'est cette rage envers ce système qui donne aussi naissance à de belles prestations. D'ailleurs, c'est drôle, tous les petits français qui commencent à jouer en Angleterre sont extrêmement tendus, mais ils font de bons shows justement parce qu'ils sont remontés. On étaient comme ça aussi au début." Depuis, ils ont pris le pli, mais pas question de se laisser marcher sur les pieds : "Ce qu'il faut c'est faire changer les choses pour que ces conditions s'améliorent. Si un promoteur ou une salle sont en dessous de tout, il ne faut pas hésiter à détruire les loges ! C'est ça le rock 'n' roll, c'est être vivant, se rebeller !"



Un troisième album en chemin
Et leur rock à eux ? Il est plutôt fringant, merci. John et Jehn travaillent sur un troisième album et leur approche de la composition a légèrement changé depuis leurs débuts. Pour préparer leur premier disque, chacun avait son texte qu'il perfectionnait dans son coin avant de le montrer à l'autre. Puis ils se sont mis à mélanger les rôles et à travailler davantage "ensemble". Aujourd'hui John est très porté sur la production. Il écrit les musiques, Jehn, les textes. Autre changement par rapport à leur précèdent album 'Time for the devil', le prochain aura une couleur d'ensemble. "Le deuxième album a été pensé par chanson. Chaque morceau avait son identité et ses références propres, et toujours cette même structure : couplet, refrain, couplet, refrain, pont, refrain, explique John. Cette fois on a envie de plus d'uniformité, et de récupérer un peu notre identité première. On va vers quelque chose de plus aérien, de très spacieux, on ouvre les fenêtres." Le titre ? Très béton : 'Costa Brava'. Le duo dit y a avoir vécu des moments forts et souhaite l'utiliser comme décor. Pour autant, on ne va pas retrouver John et Jehn à jouer de la flûte catalane sur une plage bondée de touristes teutons. L'esthétique très sombre et froid propre à leur musique et à leur univers visuel restera intacte. En revanche cet album sera accompagné de beaucoup d'images. "En ce moment on filme tout, par pure envie d'archiver les souvenirs." En attendant cette sortie, le couple écume les scènes, à commencer par le 30 avril et le 1er mai à Camden à l'occasion du Camden Crawl... Un souvenir de plus pour ces amants du rock.

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