dimanche 8 mai 2011

Trop de tablettes Android tuent les tablettes Android ?


Avec plus d’une douzaine de tablettes qui vont utiliser Android 3.0 (Honeycomb), le marché ne devrait pas absorber cette offre si conséquente.
Le marché des tablettes n’a réellement pris son envol que grâce à l’Apple iPad. Par exemple, Archos était déjà présent sur le terrain, mais fait office de nain comparativement aux ventes gargantuesques de la firme à la pomme. A la vue des chiffres spectaculaires, tous les constructeurs se sont dit : « Et pourquoi pas moi ? ». C’est ainsi que le CES est le devenu la foire aux ardoises : la quasi totalité sont sous Android. Les fabriquants se sont certainement dit : le système fonctionne très bien avec les smartphones, alors il en sera de même avec les tablettes. Or les constructeurs ont plutôt souhaité occuper le terrain, que réfléchir sereinement et offrir des produits réellement différenciés.
Selon Gartner, 39% des tablettes vendues en 2015 seront sous Android, contre 14,2% aujourd’hui. Pour réaliser une telle performance, il faudrait donc une armada de 20 constructeurs proposant la même chose ? Certainement pas. Ce qui a fait la force d’Android dans le monde des smartphones pourrait être son plus gros handicap aujourd’hui. En effet, même si des téléphones sont proches, le design, la couche constructeur (même si on ne l’apprécie pas forcément)… permettent d’avoir un produit différent. Or aujourd’hui, nous avons une grosse dizaine de tablettes, toutes sur Tegra 2, avec un écran de 10 pouces et au fond le même design. L’argument que les vendeurs pourront mettre en avant…. une application préinstallée ? Il existe toutefois des exceptions comme les Sony S1 et S2 et l’Asus EeePad Transformer, qui par ailleurs montre un fort intérêt du public.
Devant une telle offre, le grand public ne saura pas tellement quoi choisir. La « valeur refuge » pourrait donc rester l’Apple iPad. En effet, les tablettes restent chères et une subvention d’un opérateur est toujours être un plus. Mais un Orange, SFR… ne va choisir qu’une ou deux tablettes avec des caractéristiques similaires. Que pourra-t-il faire d’une offre si peu différenciée ?
Cette analyse est partagée avec un rapport de Digitimes. Si la Samsung Galaxy Tab 7 pouces a assez bien fonctionné, c’est parce qu’elle était quasiment seule sur son segment. Elle n’était pas le produit parfait (FroYo), mais avait le mérite de proposer un écosystème équilibré. Aujourd’hui, sur une large palette de tablettes où seul le nom les différencie, il semble impossible que le marché absorbe cette nouvelle offre.
Il ne faut pas oublier qu’une tablette n’est pas aussi importante qu’un téléphone. Si aujourd’hui Android est devenu un si gros acteur, c’est que l’offre a permis à tout un chacun de trouver chaussure à son pied, selon son budget. Or une tablette est beaucoup plus gadget. Très honnêtement, qui aurait pensé s’acheter ce genre de produit il y a un an et demi ? C’est bien grâce à la force de frappe d’Apple, qu’un nouveau marché est apparu.
Rajoutons aussi qu’Android 3.0 (Honeycomb) n’est pas prêt au face à face avec l’iPad. Il est certes joli, mais ses couleurs à la Tron en font un objet geek. En outre, si Madame Michu trouve l’iPad « cool et tendance », c’est parce que son écosystème est plus équilibré. Tant que les bugs et que des optimisations ne seront pas intervenues, Android 3 laissera dans tous les cas, une expérience en demi-teinte chez le consommateur. Mais plutôt que de penser aux ventes d’aujourd’hui, il faut réfléchir au futur. Un client pensera soit que le problème est uniquement sur Android et délaissera le système (ou plutôt la marque, car le grand public ne fait pas toujours la différence), soit il ne voudra plus acheter de tablettes.
N’oublions pas le prix, qui est une donnée importante. Une Motorola Xoom à 599€ en version WiFi est une aberration. Il y a un an, tout le monde s’offusquait des tarifs d’Apple et aujourd’hui les concurrents proposent la même chose. Ces produits coûtent-ils si chers à fabriquer et concevoir ? Ou bien est-ce l’effet mouton ? Pour en revenir à l’Asus EeePad Transformer, elle sera proposé à partir de 399€ : cela devrait lui offrir un bon accueil du public, tout en restant très proche de Honeycomb.
Conclusion : à vouloir lancer des produits pas tout à fait finis, en très grand nombre et similaires était une très mauvaise idée. Espérons qu’à la Google I/O, Honeycomb (ou Ice Cream) s’améliore sur ce plan, sans quoi le bilan pourrait être bien plus négatif que prévu.

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