Plus de 40 ans après ses débuts, le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, fleuron musical des nuits chaudes du Bénin dans les70's, renaît de ses cendres grâce à l'énergie d'une jeune journaliste. Une tournée internationale – leur première sortie hors d'Afrique – et un disque au groove imparable, Cotonou Club, saluent leur grand retour. Au menu : une potion électrisante de funk, soul, afro-beat, relevée d'un zest de salsa. Triomphal !
« Tu seras notre imprésario »
Paris, 2007 – dans les rayons dodus de la discothèque de Radio France, Élodie Maillot, journaliste et productrice, pioche au hasard un vinyle : l'une de ces fameuses rééditions ! Avec ce groove chevillé au corps, elle part au Bénin. Dans ses bagages, une unique obsession : retrouver la trace de l'orchestre mythique ! Mais dans les rues de Cotonou, les cabarets se comptent désormais sur les doigts d'une main et accueillent le live avec parcimonie. Si le nom du Poly-Rythmo reste gravé dans chaque mémoire, en revanche, pas l'ombre d'une seule corde de guitare ne permet de remonter le fil ! Ultime tentative : la fête de l'Indépendance, à quelques kilomètres de Cotonou, à Abomey. Après quelques heures de fanfares militaires, victoire ! L'orchestre monte sur scène ! Parmi la formation d'origine, trois sont morts. Les autres ont repris une vie civile, mais ces vieux amis sexagénaires se retrouvent pour jouer lors de commémorations... Rendez-vous pris le lendemain pour une interview : « Une succession d'embûches a failli faire tomber l'événement à l'eau. Mais j'ai à nouveau retrouvé leur trace, et lorsque je suis arrivée, les membres avaient oublié l'interview, l'un d'eux était carrément en slip », s'amuse aujourd'hui Elodie Maillot. Rien, pourtant, ne résiste à une journaliste tenace, et lorsqu'ils parlent de monnayer l'interview, elle refuse catégoriquement. Qu'à cela ne tienne : « Tu seras donc notre imprésario, et tu nous emmèneras en tournée hors d'Afrique ! » Aujourd'hui encore, la journaliste se demande ce qui l'a follement poussée à accepter ce défi ! Fin du premier round...
Les Franz Ferdinand en sont fans
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Rêve d'un club à Cotonou
À chaque date, pourtant, manquait le sésame : un disque ! Pour son groupe, Élodie organise donc deux semaines de résidences dans le Loiret. Au milieu des champs, l'Orchestre déguste du vin, découvre la combinaison Nutella/fromage blanc/vieille prune au petit déjeuner, et prépare le disque du retour : reprises retravaillées, nouvelles compos, sous l'aura du funk. Au fil de plusieurs sessions, le groupe enregistre dans un studio analogique à Paris, pour garder l'esprit vintage conjugué à un son parfait. Et le voici, ce bel objet : un disque puissant, anobli des featurings de Fatoumata Diawara, Angélique Kidjo et Franz Ferdinand, doté d'un somptueux habillage sonore, un disque à faire chalouper des hanches all night long, un album qui s'écoute très très fort ! Pour l'occasion, Élodie a même fondé un label : Sound'Ailleurs. Quant au nom de l'album, 'Cotonou Club', il convoque un rêve partagé : « À terme, le but serait de monter un club à Cotonou. Il permettrait de jouer à la maison, de former des jeunes, mais aussi d'honorer les disparus, tous ces Béninois qui ont forgé des musiques magnifiques. C'est ça, le développement durable : garder dans le pays des trésors – affiches, disques, pochettes – trop souvent pillés par des collectionneurs occidentaux... » L'histoire continue !
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