samedi 14 mai 2011

BRITNEY & JOHNNY


La même semaine, Johnny Hallyday et Britney Spears sortent leur nouvel album. Celui de la résurrection. Occasion d'oser un parallèle entre ces deux freaks de la musique qui ont quasiment tout vécu : le coma, la drogue, le harcèlement médiatique, la déchéance... Et de mettre leurs albums au banc d'essai.

Comparer Hallyday et Britney ? Et pourquoi pas Justin Bieber et Charles Aznavour ? Parce qu'entre l'ancienne bébé Disney et l'ex-icône des Yéyés, il y a bien plus de points communs qu'il n'y paraît. À cinquante ans près, ils ont eu chaud au derrière, rattrapés par la flamme de leurs excès. Qu'inspirent-ils aujourd'hui ? Si c'est du respect, sans doute est-ce moins pour leur musique, leur esthétique kitsch, que pour leur statut de guerriers revenus des enfers. Lundi 28 mars, Johnny a donc sorti 'Jamais seul', réalisé par Matthieu Chédid. Le lendemain, Britney revient en 'Femme Fatale' (dont le titre n'a certainement aucun lien avec la chanson du Velvet Underground & Nico). Des disques de bon niveau ? Les exégètes s'accordent pour dire que Johnny n'a plus rien fait de musicalement signifiant depuis les années 70 (« Johnny est-il encore rock ? » demande le Rock & Folk d'avril 2011). De son côté, après ses débuts dans la pop bubblegum, Britney s'était engagée dans un virage diablement excitant : elle aura désormais un mal fou à se hisser au niveau des sommets de productions pop que furent 'In the Zone' (2003) et 'Blackout' (2007), soit l'album d'avant la chute, et celui conçu au cœur de son cyclone.

Guérisons

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Leurs deux nouvelles fournées partagent cependant une atmosphère frappante d'urgence. Chez Spears, au risque de passer pour de la dance de camping, tout va plus vite, plus fort, plus haut. Comme si à chaque chanson, la fin était proche. La Britney écolière a grandi, c'est maintenant une chanteuse qui vit dans un monde difforme et désincarné, où les voix sont distordues (vive l'informatique !). Mais c'est aussi une jeune femme qui continue à parler d'amour après un mariage express sous substances à Las Vegas et un divorce houleux. Une mère de famille qui continue à se comporter en strip-teaseuse peu farouche à cause d'un trop plein de cocktails. Une star qui aurait pu tout perdre et a su utiliser son retour de flamme pour revenir sur le devant de la scène : le mieux, c'est de ne pas cacher ses blessures et de montrer que l'on peut en guérir.

Pas si monstre

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Johnny qui fêtera ses 68 ans en juin en sait quelque chose. Après ses ennuis de 2010, il lui faut montrer à nouveau qu'il est sinon indestructible, du moins un dur, un vrai. Dans 'Jamais seul', il revient donc à ses fondamentaux virils, ne craignant pas d'enchaîner les poncifs : c'est un lonesome cowboy bien entouré, qui connaît son blues comme on connaît son catéchisme (c'est-à-dire, parfois pas très bien). Pour 'Jamais seul', Johnny s'est fait écrire « Vous n'aurez pas ma peau », titre qui montre de quel bois il se chauffe dans sa maison suisse. Il s'y félicite d'avoir vaincu la Grande Faucheuse et le destin: « Tu me croiras jamais, je reste debout quand les autres tombent ». Crucifix tatoué sur sa poitrine et sur son disque, il lâche le mot « résurrection ». Dans une ambiance lunaire de désert mojave, il chante avec les loups (la chanson titre), tutoie plusieurs figures divines (un « Paul & Mick » au texte ridicule, « Guitar Hero » dédié « à mon ami J. Hendrix », qu'il n'aurait apparemment pas aussi bien connu) et convoque quelques tam-tams guerriers.
Mais à l'instar de Britney, il faut que le monstre s'humanise. Elle chantait pour ses enfants dans son avant-dernier disque. Johnny entonne une ode à Laëtitia (« Elle a mis de l'eau ») - c'est la première fois - et à ses petites filles (« Jade Dort »), ce dont il nous avait habitué depuis son couplet sur Laura. Le problème avec l'enfer, c'est qu'à sa sortie, on a souvent le cœur en guimauve. Pis, il arrive que l'on développe un certain goût pour l'hédonisme. Limite gourou d'une thalasso, à demander d'inspirer bien fort, parce qu'au fond, dans la vie, c'est la vie qui compte.

Carpe Diem pop

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Johnny est passé à deux doigts du trépas. Les deux artistes se sont perdus dans les méandres chimiques, coincés un temps dans les limbes de la célébrité. « Ma carrière s'arrêtera le jour de ma mort », annonce Johnny dans un entretien face aux lecteurs du 'Parisien'. Pour Next, dans des poses messianiques photographiées par Mondino, il déclare catégorique: « Si je vis, je veux vivre, des choses qui me plaisent ». Coïncidence troublante, le nouvel album de Britney s'ouvre aussi sur un Carpe Diem pop : « Continuons à danser jusqu'à la fin du monde ». Là s'arrête le rapprochement entre nos deux icônes. Hallyday reste Johnny. Il n'est pas de ces rocs dont sont bâties les églises et ne peut appréhender son drame personnel de façon métaphysique. « Il y a des gens qui croient à la résurrection, à un 'après'. Moi je n'y crois pas », confie-t-il encore à 'Next'. De son côté, Britney remercie Dieu dans le livret de son album. Elle y fait d'ailleurs quasiment du chamanisme, entre deux lignes de basses et de synthés. Avant de minauder : « J'ai neuf vies, comme un petit chaton. » Soit encore un peu de temps pour refaire l'album qui tue vraiment…


HOMMAGE À HENRI DUTILLEUX


À 95 ans, Henri Dutilleux est un des grands artistes de la musique française contemporaine, un des rares Prix Ernst von Siemens (après Olivier Messiaen et Pierre Boulez). Mardi soir prochain, 5 avril, à l'Hôtel de Lauzun (Paris 4e), superbe bâtisse du XVIIème siècle jadis habitée par Baudelaire, un hommage lui sera rendu par le pianiste Cédric Tiberghien et le bassoniste Pascal Gallois. Ce dernier évoque pour nous le plus poétique des compositeurs.

Henri Dutilleux fête ses 95 ans en cette année 2011. Musicien majeur du XXème siècle, il est mal connu en France, son propre pays. Pourtant il a reçu les distinctions les plus importantes, ses œuvres, jouées régulièrement à l'étranger, ont été dirigées par les plus grands chefs d'orchestre (de Charles Münch à Seiji Ozawa, en passant par Daniel Barenboïm) et interprétées par les solistes les plus réputés (Rostropovitch, Renée Fleming,Anne-Sophie Mutter…). Le 5 avril, il sera célébré par le pianiste Cédric Tiberghien et le compositeur et bassonniste Pascal Gallois. Depuis une décennie ce dernier initie un rendez-vous musical annuel dans un lieu patrimonial parisien en conviant ses amis instrumentistes pour un hommage qui varie selon l'actualité. En 2006 pour les 250 ans de la naissance de Mozart, il a ainsi invité l'hauboïste Henri Lichtenberger, du Philharmonique de Berlin, et la flûtiste Juliette Hurel, du Philharmonique de Rotterdam, à venir jouer dans le cadre somptueux de l'hôtel de Beauvais, là où vécut le compositeur en 1778. En 2010, il a organisé une rencontre pour les 85 ans de Pierre Boulez. Cette année l'Hôtel de Lauzun accueille cette célébration. Situé sur l'île Saint-Louis où habite Henri Dutilleux (présent lors de cette soirée), il fut momentanément le domicile de Charles Baudelaire que le compositeur admire. Quel plus bel écrin pour le plus poète des musiciens ?


Baudelaire et les poètes ont-ils eu une influence sur Henri Dutilleux ?

Pascal Gallois : Henri Dutilleux a reçu de multiples influences, comme la peinture. Il est très proche des impressionnistes. Il ne fait pas partie des compositeurs qui se sont rassemblés dans une école ou une chapelle comme le groupe des Six ou le mouvement sériel autour de Pierre Boulez. Il est un peu seul et il est heureux comme ça. C'est ce qui le rapproche des poètes et particulièrement de Baudelaire.


Pourquoi est-il relativement peu connu du grand public ?

Son action a été importante, de 1944 à 1963, parce qu'il était directeur de programmation à la Radiodiffusion française. Les Américains ont été les premiers à le découvrir dès les années 50. Les grands orchestres lui ont passé commandes, les Anglais, les Japonais lui vouent un respect immense. Il est regrettable qu'en France on ne le sache pas. Cela ne vient pas de lui, mais des médias français qui ne s'intéressent guère aux musiciens. Mais il ne souffre pas de ne pas être aux premières loges. Il ne s'est jamais mis en avant.


Il s'inscrit dans la tradition musicale française et c'est aussi un avant-gardiste. Comment le définiriez-vous ?
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Il est à la fois sur le XIXème, le XXème et le XXIème. Il est né au beau milieu de la première guerre mondiale dans une famille d'artistes imprégnée par le XIXème siècle. Il ne se réclame d'aucune chapelle, il s'autocritique même sur ses propres influences. À propos de sa pièce 'Regards sur l'infini', il m'a dit, parlant de lui : « j'aurais dit à ce jeune homme qu'il y a un peu trop d'hommage à Gabriel Fauré, notamment dans les cinq dernières mesures. » Fauré n'attachait pas autant d'importance à l'orchestration, alors que chez Dutilleux elle est primordiale, comme chez Ravel. Il est également particulièrement apprécié parce qu'il est le plus grand orchestrateur à utiliser le timbre. Ce n'est pas un compositeur de musique tonale, comme on a voulu le classer, mais plutôt modale, comme Olivier Messiaen. Il a une grande ascendance sur les spectraux, la génération qui a émergé dans les années 80 (Gérard Grisey, Tristan Murail...). 


Dans ce programme vous vous êtes particulièrement intéressé à la voix…

En 1943, Henri Dutilleux a écrit un morceau pour piano et basson, un instrument qui l'a marqué par son aspect vocal. C'est le plus vocal des instruments à vent. L'anche double résonne dans la bouche, comme les cordes vocales. La respiration est proche du chant. Ces particularités, combinées à la grande tessiture du basson (avec trois octaves et demi il balaye le spectre des voix masculines et féminines), l'ont intéressé et je lui ai proposé d'adapter ses deux sonnets de Jean Cassou (1954). Il m'a également proposé 'Regards sur l'infini', sur un poème de la comtesse de Noailles. Ces poèmes seront d'abord lus par le comédien Alain Gintzburger. Avec Cédric Tiberghien nous en ferons ensuite la première version pour basson et piano. C'est intéressant parce qu'une adaptation avec un compositeur de son vivant devient une oeuvre originale.


Vous allez également interpréter trois pièces qui ne sont pas de lui…

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Comme je vous le disais, il est ancré sur trois siècles. Nous commençons avec une magnifique pièce pour basson et piano de Bruno Mantovani. Le directeur du Conservatoire de Paris, âgé de trente cinq ans, représente le XXIème siècle. Nous terminons avec une sonate de Camille Saint-Saens. C'est sa dernière œuvre, elle date de 1921, mais il aurait pu l'écrire en 1870. C'est une pièce de forme classique, importante bien que peu connue.


Henri Dutilleux compose t-il en ce moment ?

Il ne s'en est pas confié auprès de moi. Avec lui les choses prennent beaucoup de temps. Il n'a pas encore écrit son opéra ! C'est un coureur de fonds. Ce qui est touchant c'est qu'il ne s'est jamais senti comme un compositeur professionnel qui doit faire une carrière. C'est quelqu'un qui aime prendre le temps de la discussion, de la découverte, de la rencontre, notamment avec un interprète. C'est un poète dans sa vie.


THE KILLS, LE ROCK DANS LE SANG


The Kills, rencontre entre une punkette de Floride et un anglais nourri au garage rock, est de retour après plus de trois ans de silence. Porté par la hype people (le guitariste et compositeur, Jamie Hince, est le nouveau fiancé de Kate Moss), le duo n'en a pas pour autant perdu son mordant. Leur quatrième album 'Blood Pressures' frappe juste, rugueux et efficace à souhait.

Quasiment quarante mois d'attente pour un quatrième disque sortant un 4 avril. Autant dire qu'on attendait de The Kills qu'ils se mettent en quatre pour nous (re)séduire après leur excellent troisième album 'Midnight Boom' (2008). Entre temps, ils ne sont pas restés les bras croisés. Jamie Hince, guitariste et compositeur, en a profité pour emballer Kate Moss (même pas jaloux !) et faire par la force des choses la Une des magazines people en attendant son mariage annoncé pour juillet.
Alison Mosshart, chanteuse américaine pur rock aux cordes vocales interdites aux moins de 16 ans, a été enrôlée pour sa part par Jack White (White Stripes) dans l'expérience Dead Weather. De ce combo d'Einstein du rock dur, on retiendra au minimum 'Horehound', album comptant parmi les grands plaisirs bruyants de 2009. Alors que valent ces retrouvailles regardées d'un œil sévère par les Ayatollah du rock prêts à enterrer tous ceux qui s'approchent trop des strass du show business ? Sans aucun doute, le duo a pris de l'épaisseur. Alison, liane sombre camouflant son minois derrière sa chevelure corbeau, a raccourci sa frange, élargi son chant, gagné en netteté et en sensualité – oui c'est possible ! Jamie Hince, lui, va droit au but avec des riffs efficaces et une volonté de découper ses chansons au plus près du manche de sa six cordes. Mais surtout, dès les premières mesures de 'Future Starts Slow' qui ouvre l'album, cette irrépréhensible envie de taper du pied qui montait à l'écoute de 'Tape Song' ou 'The Good Ones', se réveille. Même pas un peu boudeuse ou rancunière d'avoir été délaissée, non… Comme si rien n'avait bougé pendant ce long silence.

L'essence du rock 

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La mise en orbite se poursuit avec 'Satellite' ou comment l'idée saugrenue d'inventer le reggae serait venue à Black Sabbath. C'est graisseux lourd et puissant, chanté en duo par Alison et Hince. Quatre minutes de retour en arrière, à l'essence du rock ou, en tout cas, aux valeurs qui ont forgé The Kills, il y a onze ans déjà.
2 morceaux, 8 minutes, 2 tubes. On continue ? 'Blood Pressures' est tout au long de ses onze plages artistiquement bitumeuses, de vraies retrouvailles avec l'univers du duo. On sent bien, ici où là, un peu de facilité alors qu'on aimerait de l'aisance ('DNA'). 'You don't Own the Road' (Track 10) est très inspiré de 'Love Is The Drug' de Roxy Music. Mais Jamie Hince pourraient avoir plus mauvais goûts côté inspiration. Dans la catégorie « facteurs déroutants », l'album a des petits airs pop assez inhabituels pour le tandem. La voix d'Alison Mosshart glisse dans les aiguës façon Debbie Harry (sur 'Baby Says' – encore un tube ?). Avec ces mélodies susurrées de sa voix voilée par la clope, elle n'en agace qu'un peu plus notre libido. La surprise passée, le constat est sans appel : tout cela fonctionne parfaitement et la ligne reste intacte même sous le patronage blues électrique, garage rock et punk 79. Si vous en doutez, glissez directement sur l'épilogue de l'album, 'Pots & pans'. C'est une réponse parfaite aux reproches de ceux qui assurent que The Kills est mort en flirtant avec le glamour.






ORCHESTRE POLY-RYTHMO DE COTONOU


Plus de 40 ans après ses débuts, le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, fleuron musical des nuits chaudes du Bénin dans les70's, renaît de ses cendres grâce à l'énergie d'une jeune journaliste. Une tournée internationale – leur première sortie hors d'Afrique – et un disque au groove imparable, Cotonou Club, saluent leur grand retour. Au menu : une potion électrisante de funk, soul, afro-beat, relevée d'un zest de salsa. Triomphal !

Il était une fois... dans les 70's, au Bénin, un orchestre flamboyant qui, sur cette petite langue de terre chargée d'esprits, électrisait le pays de sonorités funk, soul, afrobeat, salsa, le tout sous influences vaudou. Parce qu'il faisait feu de toute musique, le groupe mixait l'Occident, tant James Brown que Johnny HallydayDalida que Nana Mouskouri, dans le rouleau compresseur de leur groove « tout puissant ». Cette ingestion parfaite des rythmes du globe imposa leur nom : Poly-Rythmo ! Avec ses 11 membres, le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou symbolisa à lui seul l'histoire du pays. Né avec l'enthousiasme de l'Indépendance, il fut assimilé à un Orchestre Révolutionnaire durant le régime communiste de Mathieu Kérékou. Il chantait la vie quotidienne, l'amour, les mauvais sorts... Dans toute l'Afrique, leurs rythmes résonnaient, se frottaient aux armes sensibles de Miriam MakebaFela KutiManu Dibango, galvanisaient les nuits chaudes de Cotonou. Et pourtant... Bien des années plus tard, si l'on connaît à la perfection des formations telles Bembeya Jazz (Guinée) ou Orchestra Baobab (Sénégal), Poly-Rythmo semble injustement avoir sombré dans l'oubli. Une poignée de rééditions (Soundway, Analog Africa...) dans les années 2000 rappellent, seules, leur épopée, au gré d'un échantillon trop frugal de leurs quelques 500 chansons... L'orchestre aurait-il définitivement disparu ? Comme tout conte de fée, l'histoire nécessite une fin heureuse !

« Tu seras notre imprésario »

Paris, 2007 – dans les rayons dodus de la discothèque de Radio France, Élodie Maillot, journaliste et productrice, pioche au hasard un vinyle : l'une de ces fameuses rééditions ! Avec ce groove chevillé au corps, elle part au Bénin. Dans ses bagages, une unique obsession : retrouver la trace de l'orchestre mythique ! Mais dans les rues de Cotonou, les cabarets se comptent désormais sur les doigts d'une main et accueillent le live avec parcimonie. Si le nom du Poly-Rythmo reste gravé dans chaque mémoire, en revanche, pas l'ombre d'une seule corde de guitare ne permet de remonter le fil ! Ultime tentative : la fête de l'Indépendance, à quelques kilomètres de Cotonou, à Abomey. Après quelques heures de fanfares militaires, victoire ! L'orchestre monte sur scène ! Parmi la formation d'origine, trois sont morts. Les autres ont repris une vie civile, mais ces vieux amis sexagénaires se retrouvent pour jouer lors de commémorations... Rendez-vous pris le lendemain pour une interview : « Une succession d'embûches a failli faire tomber l'événement à l'eau. Mais j'ai à nouveau retrouvé leur trace, et lorsque je suis arrivée, les membres avaient oublié l'interview, l'un d'eux était carrément en slip », s'amuse aujourd'hui Elodie Maillot. Rien, pourtant, ne résiste à une journaliste tenace, et lorsqu'ils parlent de monnayer l'interview, elle refuse catégoriquement. Qu'à cela ne tienne : « Tu seras donc notre imprésario, et tu nous emmèneras en tournée hors d'Afrique ! » Aujourd'hui encore, la journaliste se demande ce qui l'a follement poussée à accepter ce défi ! Fin du premier round...

Les Franz Ferdinand en sont fans

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Et le destin s'en mêle ! Deux ans plus tard, à l'issue d'un article dans le magazine Vibrations, la Villette s'engage à faire jouer l'Orchestre. Avant le monde, la formation doit pourtant se rôder chez elle, au Bénin. Le premier concert a lieu à Ouidah, haut lieu de l'esclavage, l'équivalent de Gorée, au Sénégal. Malgré des conditions techniques et climatiques désastreuses, les 11 membres de l'Orchestre regardent le large. Bingo ! Les tournées successives les mèneront partout : de nombreux pays Africains à l'Europe entière, du Brésil au Canada et, au passage, une date française avec les rockeurs écossais deFranz Ferdinand, leurs premiers fans ! Partout, ils embrasent les foules. « Si l'adrénaline d'un concert à New York ou l'émotion du Brésil te rechargent à bloc... l'aventure ne s'est pas faite sans galère », raconte Élodie Maillot. Difficultés de passeports, d'instruments, de visas... Des difficultés que la jeune femme résume, entre farce et drame, sur son statut facebook : « C'était un peu risqué de promouvoir le Poly-Rythmo à travers le monde... En Afrique, on a essuyé un coup d'Etat, une crevaison de pneu sur une route volcanique de l'Ile de la Réunion, l'incendie d'un train à Montpellier, la crise de la Malaria, le volcan islandais... et finalement un tremblement de terre, un tsunami et une menace nucléaire... » (Elodie était seule au Japon, ndlr). Mais toujours, le vaudou, bienveillant, suscite d'heureux dénouements.

Rêve d'un club à Cotonou

À chaque date, pourtant, manquait le sésame : un disque ! Pour son groupe, Élodie organise donc deux semaines de résidences dans le Loiret. Au milieu des champs, l'Orchestre déguste du vin, découvre la combinaison Nutella/fromage blanc/vieille prune au petit déjeuner, et prépare le disque du retour : reprises retravaillées, nouvelles compos, sous l'aura du funk. Au fil de plusieurs sessions, le groupe enregistre dans un studio analogique à Paris, pour garder l'esprit vintage conjugué à un son parfait. Et le voici, ce bel objet : un disque puissant, anobli des featurings de Fatoumata Diawara, Angélique Kidjo et Franz Ferdinand, doté d'un somptueux habillage sonore, un disque à faire chalouper des hanches all night long, un album qui s'écoute très très fort ! Pour l'occasion, Élodie a même fondé un label : Sound'Ailleurs. Quant au nom de l'album, 'Cotonou Club', il convoque un rêve partagé : « À terme, le but serait de monter un club à Cotonou. Il permettrait de jouer à la maison, de former des jeunes, mais aussi d'honorer les disparus, tous ces Béninois qui ont forgé des musiques magnifiques. C'est ça, le développement durable : garder dans le pays des trésors – affiches, disques, pochettes – trop souvent pillés par des collectionneurs occidentaux... » L'histoire continue !





LE PRINCE MIIAOU


À 26 ans, le Prince Miiaou, alias Maud-Elisa Mandeau, brindille punk, sort un troisième album, 'Fill The Blank With Your Own Emptiness', une œuvre orchestrale et post-rock dans laquelle elle délivre toute sa force, sa luminosité et ses failles.

Elle fait la Une des magazines, ce brin de fille de 26 ans un peu punk, un peu sauvage. Sous son étrange pseudo et ses cheveux peroxydés, Maud-Elisa Mandeau cache mal ses pudeurs, sa timidité animale. Comme la liste de ces journalistes avides de percer les mystères, ne lui demandez pas d'où vient Le Prince Miiaou, son nom de scène. Elle l'a pioché dans un livre de contes, au hasard, le doigt sur la page, point barre. Et tant pis si ça sonne un peu « Bisounours 69 », style avatar Skyblog : elle s'en moque. Assume. Ne cherche pas à plaire. D'ailleurs, va savoir pourquoi son troisième album séduit tant la critique : « C'est curieux ! Lorsque je le composais, je ne savais pas si j'étais en train de pondre un truc correct, ou une sombre merde ! », avoue-t-elle, rouge de son gros mot. Car Maud-Elisa dit avoir galéré pour 'Fill The Blank With Your Own Emptiness'. Panne d'inspiration. Coups de pression. Angoisse du disque blanc. Peur de décevoir ceux qui avaient soutenu ces deux délicieux premiers albums ('Nécessité Microscopique' en 2007 et 'Safety First' en 2009), comme le journaliste Bernard Lenoir (France Inter). Alors, comme le précise son titre métaphysique, digne d'une citation de Thom Yorke, elle a dû « remplir le blanc avec son propre vide ». Concept.

Débrancher son cerveau

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Et paradoxal. Car dès la première écoute, ce vide inaugural sonne comme une manne foisonnante de musique. Au-delà de tout carcan, le Prince Miiaou offre un post-rock orchestral et lyrique, nourri de cordes tourbillonnantes, de chœurs, de guitares acérées, bruits, cris, respirations... Ça tourbillonne, ça crache sa rage et ça murmure la douceur, une caresse fragile, entre fêlure et blessure, sur magma sonore et mouvements flamboyants. Par-delà le néant, la dame tend au symphonique, aux montagnes russes, pour livrer à cœur ouvert, ces chants qui la hantent. Dès l'adolescence, après avoir aiguisé ses armes dans le groupe hard-rock de son frère, Maud-Elisa s'enferme des jours durant pour composer des morceaux à la souris, hermétique à toute sollicitation extérieure : « C'est un peu comme si j'avais un baladeur sur les oreilles, et que je retranscrivais la bande, étapes par étapes, pistes par pistes : d'abord la guitare, puis la batterie, la basse, les cordes... Les instruments s'appellent, se répondent. Comme je ne connais rien à la musique, je tâtonne, je cherche les sons, je chante les mélodies de peur qu'elles ne m'échappent. Je vois la composition comme un jeu vidéo : quand j'entame un morceau, il faut que j'aille au bout de la partie. Alors, parfois, les niveaux sont un peu durs à passer... » Ce qui nourrit ses envols ? Les émotions : un jour de pluie, une déception, et ses obsessions, sa constante analyse et surinterprétation épuisante, qu'elle raconte dans 'Turn me off' (« Eteins-moi »), une chanson pour débrancher son cerveau et faire taire la cacophonie des voix qui l'entravent.

Au bout de ses envies

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Dans ce trop plein, se retrouve alors le vide. Vide d'influences, d'abord. Là où certains artistes égrènent la litanie des saints du rock, Le Prince Miiaou, incapable de distinguer Robert Smithet Robert Wyatt de son propre aveu, en cite trois-quatre :RadioheadPJ HarveyFlorence and The Machine, Bon Iver... De quoi laisser toute latitude à cette autodidacte, coupée du monde dans sa campagne charentaise, pour forger sa propre griffe, inédite dans le paysage hexagonal ! Ce vide se niche ensuite dans ce frottement subtil entre force et fragilité : force d'aller jusqu'au bout de ses envies, de mener sa barque seule, de la conception de ses pochettes à la réalisation de ses clips. Une volonté inébranlable, adossée à cette extrême fragilité, qui s'exprime dans sa peur-panique de monter sur scène, ses crises de larmes et ses doutes permanents... Voici alors ce qui fait la beauté de ce disque : l'absence de tout formatage, le courage de sublimer ses failles, de les peindre en relief, de les apprivoiser... Un vide, un plein, un creux, une bosse, un jeu vidéo, une recharge d'énergie, une étape réussie !



BOURGES, 35e ÉDITION


35 Printemps à Bourges. Le bel âge. Si le festival a vu ses subventions baisser, il n'en renforce pas moins son identité, avec l'organisation des grandes soirées thématiques, l'invitation de têtes d'affiche et son tremplin toujours propices aux belles découvertes. Tour de scènes.

Le Printemps de Bourges, c'est un peu comme les premières sorties en terrasse. Comme le chantait Mademoiselle K sur la scène du festival en 2007 : ça sent déjà l'été. Quatre soirs pour faire de belles découvertes et voir sur scène nos artistes préférés. Depuis 1977 et sa programmation 100% autre chanson française (Higelin ou Lavilliers en opposition aux Sardou ou Dalida qui envahissaient les plateaux des Carpentier), le Printemps de Bourges se positionne entre valeurs sûres et défrichage de jeunes pousses. Et cette 35e sélection entend ne pas déroger à cette ligne de conduite, avec un grand écart constant entre nouveaux mastodontes médiatiques (ZAZBen l'Oncle SoulCali), figures sacrées (Catherine Ringer défendra là son premier album depuis la triste disparition de son compagnon Fred Chichin), et nouveaux talents un brin plus pointus (I Am un chien !, Brigitte, the Shoes, François & the Atlas Mountain). Dans cette catégorie, l'on pourra découvrir les nouveaux titres d'une artiste (très) remarquée l'an dernier (au concert des découvertes), Le Prince Miiaou. Bref, un cocktail habilement dosé pour rester attractif, surtout en ces heures où les subventions publiques fondent irrémédiablement. Car même si la précédente édition a affiché complet avec 240 000 personnes sur toute sa durée, le Printemps n'a pas été épargné par ses restrictions budgétaires. 


Soirées à thème

Portée par cette ambition de rester attrayante, la manifestation bérurière innove cette année avec l'organisation de quatre grands rendez-vous thématiques. Un par soir. "Cela correspond davantage à la manière des 16-30 ans d'écouter de la musique. Ils peuvent aller voir un artiste pendant quelques titres, puis passer à un autre, aller boire une bière. Pour eux, se retrouver tous ensemble à écouter la même musique est un acte social", a expliqué Daniel Colling, directeur de Printemps, à l'AFP. Une grande soirée rap réunira le jeudi 21 AkhenatonFaf LarageSoprano, Lafouine … Et les Sexion d'Assaut qui tenteront sûrement de se racheter une conduite médiatique après leur récent dérapage homophobe. 

France-Afrique

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Le vendredi 22 avril s'ouvre sur le projet « Yeke Yeke !!! ». Des chanteurs issus du continent africain (Mamani Keita, Vieux Farka Toure, Mory Kante…) s'essaieront aux standards de la chanson française (GainsbourgClaude François), quand sur la scène d'en face Yaël Naïm – invitée en résidence de trois jours à Bourges – tentera l'exercice inverse en chantant des classiques de la musique africaine. Le lendemain, ça bouge à Bourges avec La Rock'n Beat Party. En à peine deux ans, la soirée s'est taillée une réputation internationale. Entre électro et pop, elle s'annonce comme le point d'orgue de cette 35ème édition. On y retrouvera The DoMetronomy, Ratatat, Cassius,the Bewitched Hands, We are ENFANT TERRIBLE, de 20 h à 5 h du matin.

Les mélodies de Mélanie 

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Le dimanche pascal, c'est chocolat et ganja avec Tiken Jah FakolyChinese Man et The Original Wailers qui accompagnaient le demi-dieu rastafari Bob Marley, dont on célèbre les 30 ans de sa disparition (le 11 mai 1981 à l'âge de 36 ans)… En parallèle à ses grandes soirées, le Printemps de Bourges devient une étape de choix pour les artistes en tournée. S'y succéderont ainsi Angus & Julia StoneRaphael SaadiqAaRonKaterine, Lykke-Li, Moriarty, Selah Sue, Concrete Knives. On attend beaucoup des prestations d'Anna Calvi, de Florent Marchet, du casqué Cascadeur mais aussi deMélanie Laurent, qui étrennera son premier album, 'En attendant', en ce Printemps. Avant de préparer ses speechs de maîtresse cérémonie à Cannes, cet autre festival qui annonce l'été.




JOHN & JEHN ROCK LONDON


John et Jehn se sont unis pour le meilleur et pour un rock à mi-chemin entre New Order et le Velvet Underground. À l'heure où nos voisins britanniques célèbrent l'union de Kate et de William, Evene est parti à la rencontre de ce couple de musiciens français qui fait son chemin à Londres, cité où il prépare un troisième album très attendu.

À les voir se déchaîner sur une scène de l'est londonien, on a du mal à croire que John et Jehn expliquaient un peu plus tôt, sagement assis sur un canapé, à quel point ils apprécient le calme. Calme nécessaire avant leur tempête rock. "On n'est pas vraiment des fêtards", avoue John, le visage creusé. D'autant que le duo travaille d'arrache-pied en ce moment. Ils possèdent leur propre studio d'enregistrement, construit de leur propres mains, et dont ils font grand usage. Entre musique de films, de publicités, et la préparation d'un troisième album, John et Jehn éprouvent un besoin de sérénité. "On est content d'habiter un endroit tranquille au nord de la ville. On se déplace dans le centre pour sortir." Débarqués à Londres il y a 5 ans sur une invitation de leur manageuse qui les a hébergé un temps, le duo a maintenant ses habitudes dans le quartier d'Alexandra Palace.

Filer à l'anglaise
Demandez leur pourquoi ils ont quitté leur Poitou-Charentes natal pour le Big Smoke : "Euh... La réponse est dans la question en fait ! Londres versus Poitou-Charentes le choix est vite fait, non ?" Nicolas et Camille sont leur vrais prénoms, mais ceux qu'ils se sont choisis lorsqu'ils étaient djs dans des soirées eighties en France leur correspondent presque mieux... John et Jehn, cette jolie symétrie reflète bien leur relation. Car ils s'aiment John et Jehn ! Leur groupe a commencé quasiment en même temps que leur couple car ils avaient le sentiment que leur histoire avait besoin de quelque chose de plus pour durer. Jehn se souvient amusée : "Il m'a demandé de former un groupe comme il m'aurait demandé ma main ! J'ai refusé d'abord car j'avais peur, cela représentait un gros engagement et je ne voulais pas nous lancer là dedans à la légère. Et puis, on l'a fait finalement et j'ai aussitôt été ravie du résultat. C'était la première fois que je trouvais quelqu'un avec qui j'étais sur la même longueur d'onde." Ils ont commencé par reprendre des morceaux issus d'un précédent duo de John. Actrice à l'époque, Jehn a cessé de jouer la comédie pour jouer de la musique. Après une poignée de représentations en France, le duo a donc traversé la Manche.




"On a un public en France et un réseau artistique à Londres"
"On a pas réussi à accrocher avec la France, je pense que notre vision était ailleurs", confie John. En revanche, lorsqu'on a fait notre première tournée dans l'Hexagone, on a été très surpris par le nombre de personnes venues nous voir. John et Jehn ont trouvé à Londres un esprit d'entraide dans la musique qui les a séduit. Au Luminaire notamment, une salle de Kilburn qui vient tout juste de fermer. L'endroit était devenu comme leur maison, ils y étaient accueillis à bras ouverts. Ils y ont joué maintes fois, y ont fait leurs armes. Il est même arrivé qu'ils y répètent quand il n'avaient pas d'argent, embarquant l'ingénieur son dans leurs aventures musicales. Et puis ils s'y sont fait des amis. "En fait, on a un public en France et un réseau artistique ici. On connaît bien plus de groupes ici que là-bas." Et c'est pour cela qu'ils ont décidé de poser leur bagages de l'autre côté du channel. Rentrer ? Jamais ! L'Angleterre leur a permis de faire des rencontres importantes... Notamment celles de leurs compagnons de tournée,Franz Ferdinand, British Sea Power, et celles des nouveaux venus sur la scène rock, The Chapman Family et O'Children.
John et Jehn se sont déjà produits aux côtés de pointures, comme les Kills à Paris il y a 3 ans. Plus récemment, en février à Londres, ils ont fait l'ouverture d'un des groupes qui les a influencé, Gang of Four ! Lorsqu'on les interroge sur les éventuelles collaborations qui les tenteraient, toutes les personnes citées comptent parmi leurs amis : Micachu, Race Horses et British Sea Power qu'ils considèrent comme leur famille. Pas un frenchy dans la liste ! Chanter dans la langue de Molière n'est pas non plus au programme. "On ne sait pas écrire ou chanter en français, en revanche on travaille actuellement avec un ami qui fait ça très bien, Lescop. Et nous écrivons toutes ses musiques..."



"Là ou il n'y a pas d'argent, il y a du plaisir"
Être français ne leur a posé aucun problème pour s'intégrer dans le paysage artistique londonien. "Mais apparemment nous sommes une nation qui se plaint beaucoup plus que les autres !". Et John et Jehn n'échappent pas à la règle. S'ils se plaisent vraiment Outre-Manche, ils râlent quant aux conditions de travail des musiciens. "Le live en Angleterre c'est une horreur ! Un promoteur sur deux est insupportable ou fait mal son boulot, les salles ne sont pas adaptées et on est mal payés. Mais là ou il n'y a pas d'argent, il y a du plaisir, et c'est cette rage envers ce système qui donne aussi naissance à de belles prestations. D'ailleurs, c'est drôle, tous les petits français qui commencent à jouer en Angleterre sont extrêmement tendus, mais ils font de bons shows justement parce qu'ils sont remontés. On étaient comme ça aussi au début." Depuis, ils ont pris le pli, mais pas question de se laisser marcher sur les pieds : "Ce qu'il faut c'est faire changer les choses pour que ces conditions s'améliorent. Si un promoteur ou une salle sont en dessous de tout, il ne faut pas hésiter à détruire les loges ! C'est ça le rock 'n' roll, c'est être vivant, se rebeller !"



Un troisième album en chemin
Et leur rock à eux ? Il est plutôt fringant, merci. John et Jehn travaillent sur un troisième album et leur approche de la composition a légèrement changé depuis leurs débuts. Pour préparer leur premier disque, chacun avait son texte qu'il perfectionnait dans son coin avant de le montrer à l'autre. Puis ils se sont mis à mélanger les rôles et à travailler davantage "ensemble". Aujourd'hui John est très porté sur la production. Il écrit les musiques, Jehn, les textes. Autre changement par rapport à leur précèdent album 'Time for the devil', le prochain aura une couleur d'ensemble. "Le deuxième album a été pensé par chanson. Chaque morceau avait son identité et ses références propres, et toujours cette même structure : couplet, refrain, couplet, refrain, pont, refrain, explique John. Cette fois on a envie de plus d'uniformité, et de récupérer un peu notre identité première. On va vers quelque chose de plus aérien, de très spacieux, on ouvre les fenêtres." Le titre ? Très béton : 'Costa Brava'. Le duo dit y a avoir vécu des moments forts et souhaite l'utiliser comme décor. Pour autant, on ne va pas retrouver John et Jehn à jouer de la flûte catalane sur une plage bondée de touristes teutons. L'esthétique très sombre et froid propre à leur musique et à leur univers visuel restera intacte. En revanche cet album sera accompagné de beaucoup d'images. "En ce moment on filme tout, par pure envie d'archiver les souvenirs." En attendant cette sortie, le couple écume les scènes, à commencer par le 30 avril et le 1er mai à Camden à l'occasion du Camden Crawl... Un souvenir de plus pour ces amants du rock.